L’ARTISTE

Démarche Artistique

Une lecture de l'Arbre et une écriture de l'Humain.

De mon amour pour les arbres découle une passion pour le bois, ce matériau qui “laisse voir son temps”, comme disait Paul Valéry. L’Arbre immobile maîtrise le temps, l’Homme mobile maîtrise l’espace. De leur rencontre et leur compréhension naîtrait la sagesse?

Passionné de sculpture, de taille directe et de recherche des lignes, c’est tout naturellement que la recherche d’Elévation s’impose dans mes œuvres. Mes sujets sont directement issus de ces arbres et comme eux, c’est toujours plus haut dans le ciel que je désire  les voir diriger leurs regards. Comme un besoin d’ascension en attente d’étoiles.

Mes personnages féminins sont un support, une excuse à cette recherche de lignes et de courbes. C’est un long chemin d’extraire l’essence d’une ligne ou d’un mouvement et de n’en garder que l’Essentiel.

Le mouvement, le caractère, l'élévation.

Ces trois facteurs me sont offerts directement par l’Arbre. Celui que j’aurai croisé dans la nature, cet arbre mort encore debout qui me laisse son témoignage de matière, sa mémoire de Vie. Bien plus qu’un matériau, ce bois récupéré devient mon médium et reçoit les traits de ma tronçonneuse, comme la feuille blanche accueillerait le crayon.

Je n’ai pas de mérite à suivre ce guide, tant le résultat est déjà évident au départ. Elle est dedans. Elle est là. Elle arrive. La tête d’abord, et son orientation. Les épaules ensuite, et leur volonté. Le dos et sa cambrure, la découpe de notre colonne dorsale et son creux si précieux au-dessus des fesses. Les longues jambes, dernière ligne droite par laquelle l’œil arrachera l’ensemble du mouvement vers le haut. Enfin, quand Elle tiendra debout, je la nommerai, lui donnerai un prénom.

Ma quête n'est pas figurative.

Ce qui est visible, ces courbes et creux de dos, ces cambrures et déhanchés m’aident, grâce à la subtilité de la féminité, à comprendre les élans fragiles qui nous permettent de vivre “dans le ciel”. Car seuls nos pieds touchent le sol. Le reste de notre être est en élévation.

Alors non, mes pièces ne sont pas des copies de La Femme, mais empreintes de féminité. Pour nous rappeler à notre sensibilité première, pour se souvenir de notre capacité à vivre pleinement notre monde d’Humains en harmonie avec l’Arbre et la Nature. Notre nature.

L’image ainsi donnée du corps féminin transcrit notre invisible ascension de tous les instants vers le ciel bleu, l’air que nous respirons, et notre volonté intérieure de nous élever. C’est une démarche fragile et discrète, une lutte et un combat quotidien pour discerner la beauté dans le fatras de nos vies et ses cascades d’images de premier degré.

Le mouvement commence là où s’arrête l’immobilité. Une frontière extra sensible à partir de laquelle s’anime la nature qui nous entoure. La magie d’un creux de dos s’exprime avec la même finesse que le mouvement d’une branche qui pousse. Ce n’est qu’une histoire de temps. Et d’Elévation.

Il me plaît à penser que la beauté d’un mouvement est fragile, que sa sensualité est un bien à protéger. Qu’il faut être attentif aux formes harmonieuses qui nous entourent, à l’équilibre qu’elles représentent et au bien-être qu’elles nous procurent.

Ce n’est pas un hasard si l’architecture est un art premier. La sculpture en dérive directement et l’harmonie des formes entre elles résonne pour moi à l’infini chaque jour, de la même manière qu’un peintre ne se lassera jamais de la juxtaposition des couleurs toujours renouvelée.

Tout est dans l’arbre, à chaque fois. Un renouveau permanent, une naissance toujours différente et toujours plus jouissante. Qui sera cet être nouveau mi-Arbre mi-Homme? Une rencontre du temps et de l’espace ? Une réconciliation, c’est certain. En tout cas je l’espère.